(et de) deux; je pense donc je suis
Je n'étais pas quelqu' un de très important,
Et je vois comme ça change maintenant.L'air était frais. Je n'étais vêtue que d'une robe légère, d'un rose pâle discret, et pourtant, je n'avais pas froid. Mon parrain me regardait, mais son regard ne faisait que me gêner. J'aurais voulut qu'il arrête, j'aurais voulut qu'il fasse comme si de rien n'était, pour mieux apprécier la raison de toutes ces choses. Il m'a offert une glace, en souvenir du temps où mon père était encore là et que, tous les trois, on en achetait une et on allait se promener, et dès qu'on avait tous fini, on rentrait à la maison en courant. Mon père était son meilleur ami. Et mon père est mort. Mais ça, ça arrive à tout le monde, de perdre quelqu'un de cher. Vous penserez peut-être que je n'aime pas mon père, après avoir dit ça, mais c'est faux. J'aimais mon père, je l'adorais, plus que ma mère, même. Mais la vie est trop précieuse pour qu'on puisse la détruire à pleurer sur une mort. Même si le vide persiste. Je pense à ma mère, ma pauvre mère, qui n'aura plus personne pour aller faire les magasins, après. Je suis fille unique. Ma mère, même si j'essaie à tout prix de la rendre heureuse, ne se relèvera peut-être pas de ça. Déjà que perdre à tout jamais l'amour de sa vie a été un vrai supplice pour elle... Je m'en veux. Et tous les jours, j'essaie de la faire sourire. Mais chaque jour un peu plus, son sourire s'estompe, et quelque fois un larme roule sur sa joue. C'est ma faute, je le sais. J'essaie de vivre du mieux que je peux, je me lance dans la vie, en riant aux éclats, avec ma pauvre gorge déséchée, j'essaie de vivre un maximum de sensations, de montrer aux gens que je les aime.
Je vais mourir. Je le sais. Dans un mois. C'est docteur qui l'a dit, et quelque part, je le savais déjà. J'ai un truc dans les poumons, qui fait que je ne pourrais plus respirer et que je mourrais dans pas longtemps. C'est pour ça, que je veux vivre. Pour que les gens se disent que j'ai bien vécu, pour qu'il sachent que j'étais heureuse, je ne veux pas qu'on regrette tout le temps. La vie est trop courte pour regretter. Je suis assise sur une balançoire, une vieille balançoire sur laquelle je voudrais m'élancer, tourner, encore, plus haut, toucher les étoiles, pour oublier ma douleur qui me compresse la poitrine, pour oublier que je vais mourir. Je tousse. Dans ma main reste une trace rouge, qui luit à la faible lueur du soleil. Je suis fatiguée, comme toujours. J'aurais aimé rester dans ce monde un peu plus longtemps, ne pas rester vivante uniquement jusqu'à mes 20 ans. Mon parrain s'est retourné vers moi lorsque j'ai toussé, et même de loin, je peux deviner la ride soucieuse qui raye son front. Je ne prend pas la peine d'essuyer ma main. Le liquide coule doucement et goutte par terre. Le sang... Le liquide de ma vie. Quand je serais morte, petit à petit, il s'en ira, je le sais. Et puis, je perdrais ma belle chevelure dorée, dont j'ai toujours été fière. Je me sens fatiguée, et je me rend compte que le sang qui coule le long de ma main est une curieuse métaphore de ma vie, qui s'éteint peu à peu. Ces derniers mois, j'ai refusé tout acte de nostalgie. Je n'avais pas le droit, pas la place aux regrets. Mais quelques fois, c'est tellement difficile, de rester le sourire au lèvres alors qu'un feu intérieur nous brûle, dur de vivre à cent à l'heure alors que nos forces s'amenuisent petit à petit...
ça y est, ma glace est finie, mais sur ma main reste la trace de sang. Cette fois, je ne peux pas résister, je ne veux pas la voir. Je l'efface en fermant les yeux. Je voulais juste vivre encore peu...
Une larme roule sur ma joue et la cache. Personne ne doit savoir que je suis triste, tout le monde devra penser que je ne regrette rien, ce qui est vrai, bien sur, je ne regrette rien. Toute ma vie a été une aventure. Je ne suis pas une fille sans histoire, juste une fille sans lendemain. Je mourrais avant l'heure, c'est tout. Normalement je pourrais vivre encore plus longtemps. Deux mois. Mais au bout de ces deux mois, je serais censée aller de moi même à l'hôpital pour qu'on me tue, tant la douleur sera insupportable. Je me rappelle quand la douleur à commencé, et que je n'y accordai pas d'importance. Ma mère non plus, d'ailleurs, et à l'époque, un anti-douleur suffisait. Ensuite, j'ai appris à vivre avec. Ce n'est que récemment que je suis allée chez le médecin, après avoir passé plusieurs nuits blanches, et que mon parrain aie insisté pour que j'y aille. Et là, j'ai fait du mal à tout le monde, parce qu'on a su que j'allais mourir. Je m'en veux. Le soir, je rédige des lettres pour mes amis, que je donnerais à m mère avant de rentrer dans l'hôpital définitivement. Je ne veux pas leur dire, pas encore.
L'hiver était froid ; sur ma peau hérissée,
je sens le vent souffler une dernière fois.« Je courais dans les rues, invisible et silencieux, à la recherche de quelques humains solitaires se noyant dans dans l'alcool pour me désaltérer. Même si leur sang n'avait pas un goût agréable, ça me suffisait largement. Je n'étais pas un monstre. Je courais, me dirigeant vers le centre ville, quand l'odeur du sang me fit m'arrêter. L'odeur était étouffée, étrange, pas comme si quelqu'un voulait se suicider, non, plus...étrange. Je m'approchais de la maison et y entrai rapidement, suivant l'odeur. C'était une chambre, plongée dans l'obscurité de la nuit, aucunes lumières allumées. Dans le lit, une fille respirait difficilement, maladive. Le sang provenait d'un mouchoir, et quand elle ouvrit légèrement la bouche, l'odeur se remplit de la même odeur de sang. Ma gorge s'enflamma. J'allais la tuer, là, alors qu'elle était dans son lit... Je n'avais pas bougé, je le savais. Pourtant, elle soupira et se réveilla. Elle alluma sa lampe et me fixa. Alors je me rendis compte que je n'avais pas bougé, alors que j'avais eu le temps. Elle n'a pas crié. Elle n'a rien fait. Elle s'est assise en tailleur et un pâle sourire a étiré ses les lèvres, n'illuminant pas pour autant ses traits fatigués et son visage livide.
—
Bonsoir.Je continuais de la fixer, abasourdi. Avait-elle l'habitude que l'on rentre dans sa chambre ainsi ? Elle était humaine, j'en étais certain. Pourquoi régissait-elle ainsi ? Je lui répondis d'un hochement de tête.
— Tu n'as pas l'air surprise de me voir ici.
Elle haussa les épaules avec fatalité, observant la pièce autour d'elle comme pour savoir si elle était bien chez elle, tout de même.
—
Non. Un jour ou l'autre, je serais partie, je le sais, alors savoir quand est-ce que je partirais, où et comment me fait me poser des questions.— Où crois-tu que je t'emmènes ?
—
Je n'en sais rien. Je suis encore vivante, et je suis chez moi, c'est tout ce que je sais. Et tu as réussi à t'introduire ici alors que tout est clos, donc tu es forcément autre qu'un simple voleur. Ou qu'un homme.— Penses-tu que je suis un ange ?
—
Quelque chose dans le genre.Elle me regarda en souriant, et une lueur malicieuse passa dans ses yeux. Elle se leva et s'approcha doucement de moi, tendant une main vers ma joue, la caressant lentement. L'odeur de son sang sur sa main était forte, très forte et ma gorge s'enflamma. Cependant, je ne l'attaquai pas. Pas encore. J'étais un solitaire, depuis longtemps et c'était pour ça que je ne me nourrissait que de sang délaissé. Cette approche me terrifiait, me paralysait. Elle me prenait pour une ange, alors que j'étais son bourreau. Une bouffé d'adrénaline me fit me dégager brusquement, arrivant à l'autre bout de la pièce en un clin d'oeil. Elle était mourante. Tout dans son attitude le laissait comprendre. Au lieu de sursauter, elle laissa retomber mollement sa main, et se redirigea lentement vers son lit, où elle se laissa tomber.
—
Je ne veux pas mourir. La seule chose que je veux, c'est de vivre. Ou de mourir ailleurs.Ses mots me touchèrent. Profondément. Elle n'avait plus rien à perdre, elle ne voulait pas souffrir. Alors, je lui offris une dernière balade.
— Eh bien, je vais t'emmener en balade.
Cessant de respirer, je le pris dans mes bras. Elle était extrêmement légère. Je sortis de la maison en courant, l'emmenant vers les bois, l'emmenant vers les endroits beaux, ceux que je connaissais, ceux qui malgré mon oeil sombre me faisaient apprécier la Terre. Je la fis vivre une dernière fois. Nous restâmes ensemble jusqu'à ce que le soleil fut levé, qu'on ait contemplé l'aube merveilleuse et traversé l'eau a pieds. Ensuite, épuisée, elle s'étendit sur le sol et soupira.
—
Merci.Affaiblie, elle n'avait pu que murmurer. Je la pris dans mes bras, une dernière fois, avant d'appuyer mes lèvres sur son cou, découvrant lentement mes dents. »
Iain James Blueberry ; vampire.
Et je respire, encore ;
Ma peau glacée et mon esprit libéré.Voilà presque 80 ans que le feux m'a quitté. Le feu qui me tuait de jours en jours, usant mes poumons, ensuite remplacé par un beaucoup plus douloureux mais moins long. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas bu mon sang. Peut-être que parce que j'étais malade, mon sang n'était pas bon... Je n'en sais rien. Parce qu'après m'avoir donné à manger une fois, après m'avoir appris "les bases", si l'on peut dire ça comme ça, il est parti. Il m'a dit bonne chance, il m'a dit de ne pas le suivre, et puis, il est parti. Je ne savais pas quoi faire, alors j'ai observé discrètement le village. Ma mère pleurait, mon parrain aussi. Ils disaient que les anges étaient venus m'enlever pour ne pas souffrir plus longtemps. Et j'étais vampire. Mais surtout, j'étais en vie. En vie !! Comme je méprise ceux qui ne veulent pas de la vie, de nos jours ! c'est un cadeau tellement précieux ! Je suis belle, vivante et toujours en pleine forme. Je ne bois que du sang d'animaux, ou presque. Les humains qui me supplient pour que je les tue, je les exauces. Je me sens tous les jours légère, et au bout de cent ans d'existence, je me dis qu'il est peut-être temps de donner un sens à toute cette vitalité. Je suis retournée à poudlard, mais, bien sûr, tout le monde était mort, ou presque. Je ne suis pas contre les loups garous, ils ne sont pas tous méchants. Certains ne m'aiment pas, tant pis pour eux. Je me sens bien dans ma peau, aussi froide soit-elle.