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| Qui vivra verra # Adonis | |
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Invité Invité
| Sujet: Qui vivra verra # Adonis Jeu 15 Jan - 23:56 | |
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- Spoiler:
Navrée pour ce début un peu étrange, mais je viens à peine de voir American Beauty, et j'ai déjà résisté pour pas t'écrire en anglais, je pouvais pas lutter contre le côté "je passe à côté de ma vie" xD
la musique qui va avec
« 17 ans, et je suis déjà morte. En surface, vous n'y verrez que du feu. Un sourire de temps à autre, un mot à votre attention, une démarche assurée. Mais remarquez mes yeux. Vous y voyez vraiment quelque chose? Ils sont vides de tout sentiments, de toute chose. Comme tout ce que vous ne verrez pas en moi. En moi, tout s'est déjà éteint. J'ai passé moins de vingt ans à vivre une vie insignifiante. C'est peut être ça, mon enfer à moi. »
Eurydice, l'air grave comme souvent, referma le petit cahier dans lequel elle venait de gratter ces quelques phrases. Rien de bien réjouissant. Rien de bien nouveau, non plus. Eurydice était certaine qu'à l'image de son homonyme antique, elle n'était faite que pour vivre en Enfer. Son passage ici n'était qu'un détour. Affreux détour, qui la condamner à errer parmi des gens qu'elle n'appréciait que trop peu. Eurydice était douée, lorsqu'il fallait faire croire aux autres qu'ils avaient une quelconque importance à ses yeux. Certains en avait réellement, bien sûr. Ses frères. Quelques rares amis. Mais ça n'était pas suffisant pour qu'elle se sente vivante. Elle voyait défiler sa vie comme si elle en était la spectatrice. Et ce qu'elle voyait n'avait rien pour l'enchanter. Elle se sentait dans un coma permanent, et attendait désespérément qu'on la réveille.
Était ce pour cela que son esprit, dérangé selon certains, prenait plaisir à tourmenter ceux qu'elle n'appréciait pas? Sa mère la voyait comme le diable en personne. Peut être n'avait elle pas tord. Eurydice était dangereuse, à ses heures. Elle ne reculait devant rien pour avoir ce qu'elle voulait. Peut être qu'un jour, elle irait jusqu'à tuer. Cette idée lui avait déjà effleuré l'esprit. Serait elle capable de tuer un être humain? Les McDermott étaient réputés pour être des gens étranges. Chacun extrême à sa manière, dans sa façon d'agir. Eurydice n'avait jamais su trouver ses limites, personne n'avait cru bon de lui en fixer. Il y avait bien sa mère, bien sûr, mais ses privations à répétitions n'avaient jamais été perçues comme de véritables preuves d'autorité, visant à encadrer Eurydice. Pour son propre bien, on l'avait laisser développer tout son potentiel. Grave erreur. Eurydice, à l'image des siens, était incontrôlable, à présent. Un électron libre, que rien, sinon la mort, ne serait capable d'arrêter. Une jeune fille qui se pensait libre, mais qui était tout simplement perdue, seule.
Elle ne le réalisait pas, bien sûr, trop certaine qu'elle était maîtresse d'elle même, et des évènements qui l'entouraient. Eurydice était persuadée que ce malaise qu'elle ressentait constamment venait simplement du fait qu'elle se sentait morte. Elle ne comprenait pas qu'elle était cela et bien plus à la fois.
Glissant son petit cahier dans une poche de sa robe de sorcier, elle releva la tête. Depuis combien de temps était elle assise là, seule? Elle regarda les élèves qui marchaient autour d'elle. Elle assise sur la dernière marche du grand escalier, les bras autour de ses genoux rabattus le long de son corps, elle les voyait passer devant elle, sans qu'aucun lui adresse un regard. Il faut dire qu'assise dans son coin d'escalier, elle était plus discrète que jamais. Pour une fois, elle aimait être seule, à regarder les gens passer. Chacun sa destination, personne ne prenant garde à celui qu'il croisait. Eurydice avait cette faculté de garder en mémoire chaque visage, chaque nom, bien qu'elle prétendait souvent le contraire, désirant vous laisser croire que vous n'aviez pas assez d'importance à ses yeux pour qu'elle daigne retenir votre patronyme. Mais en voyant ces jeunes gens passer sous ses yeux, elle se surprenait à pouvoir donner un prénom à presque chaque visage.
Eurydice n'en pouvait plus, de cette vie. Sans but, une vie banale. Qu'avait elle de différents de ces élèves qui passaient devant elle? Rien, elle suivait les mêmes cours, avait les mêmes conversations, respirait le même air... Eurydice n'était qu'une jeune fille de plus dans la masse. Et c'était insupportable. Il n'y avait rien de pire que d'être banale.
Là, sur cette dernière marche d'escalier, elle enleva ses bras autour de ses genoux, et ressorti le cahier qu'elle venait de ranger. De nouveau, elle posa sa plume sur les pages jaunies, et écrivit sans réfléchir, et sans plus prêter attention aux personnes autour d'elle.
« Nous sommes tous dans le coma. Petite routine, petits tracas, petits bonheurs. Une vie fade, commune à des milliers d'autres. Nous dormons tous, en attendant que la vie, la vraie, ne daigne nous surprendre. J'ai vécu dix sept ans de coma. Peut être serait il temps qu'enfin je me réveille. »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Qui vivra verra # Adonis Sam 17 Jan - 17:40 | |
| Qui sait ce qu’est réellement la mort ? Et surtout, qui sait ce qu’est réellement la vie ? Vivre. Mourir. Tout cela ne tiens qu’à un fil, un fil que nous retenons de toutes nos forces, pour ne pas qu’il nous échappe. Pourquoi avons-nous tous si peur de mourir ? Alors qu’Adonis lui… n’avait que la peur de ne jamais le pouvoir. C’était tout le temps comme ça, lorsqu’il regardait ses mains blanches, peut-être un peu trop, ou lorsqu’il touchait les deux petites marques froides à la base de son cou, perpétuellement dissimulées sous des masses de vêtements. Appuyé sur la rambarde d’un des nombreux escaliers de l’école, il ne voyait déjà plus le monde autour de lui. Ca lui arrivait fréquemment, d’oublier ainsi. Il savait pourquoi, il ne s’était jamais posé de questions sur ce besoin de solitude, sur cette différence cuisante, ou glaciale, qu’il ne cessait de voir entre lui et les… autres. Parce qu’eux, tout autour, magicien et autres, n’auraient jamais cette certitude peut-être, qu’ils ne mourraient pas. Le jeune homme soupira, se sentit légèrement bousculé, mais il ne se retourna pas vers le maladroit. Dans ces moments là, peu lui importait sa réputation d’ignoble et de cruel serpentard. Dans ces moments là, il se fichait éperdument de tout. Car il ne mourrait pas, et c’était la seule chose qui lui importait depuis ce jour-là.
Car son secret était bien gardé. Car seulement une personne connaissait ce secret honteux, ce secret douloureux, qui lui donnait froid jusqu’aux tréfonds de son cœur. Adonis sentait très peu les différences de températures, car il avait sans cesse froid. Il s’alimentait peu. Sa peau, sans être blafarde, était beaucoup plus pâle que la moyenne et ses dents, un peu plus effilées que le reste du monde. Parfois même, il avait comme une envie, profonde et ancestrale. Une envie bestiale. Une envie de sang, de violence et de douleur. Il ne mourrait pas, il ne mourrait jamais. A 11 ans, Adonis Nate McShore devint un vampire raté. Peut-être aurait-ce été moins douloureux de mourir là, sur l’herbe humide de son jardin. Car que penser de sa mésaventure ? Lorsqu’on se faisait mordre, on mourrait invariablement, d’une façon ou d’une autre. Mais lui… lui sentait encore son cœur battre. Peut-être un peu trop lentement. Mais il était vivant, mais il respirait. Il souffrait lorsqu’il se blessait. Et ces détails, aussi insignifiants soient-ils, ne le rassurèrent pourtant jamais. Un tic tac permanent résonnait dans sa tête, dans son âme. Le venin progressait lentement, et lentement, il se dirigeait vers la mort. Mais pas celle à laquelle il aurait aspiré, celle maudite qui attend toutes les créatures damnées. Il y aurait eu de quoi pleurer, sans doute. Quelle pire souffrance que celle de savoir om l’on allait ? Sa transformation aurait été si simple si elle n’avait pas autant tardé. On le bouscula une nouvelle fois, et il émit une sorte de grognement mécontente, auquel on répondit par un « pardon » étouffé par le rire des étudiants qui se pressaient dans les escaliers. Il poussa de nouveau un soupir, avant de s’éloigner de la rambarde et de suivre à son tour le flot de magiciens.
Il n’avait pas vraiment d’endroit où allez à cette heure. Pas de cours où se rendre, pas d’amis à rejoindre. C’était atroce de voir que malgré son apparente popularité, il restait toujours très seul. Et c’était là sans doute, la raison des liens improbables qu’il tissait parfois. Adonis s’étonnait encore de pouvoir ressentir autre chose que cette profonde mélancolie qui l’accompagnait depuis toujours, amplifiée depuis par l’écho vampirique de sa nature. La bande son de sa vie serait d’une tristesse à mourir, à coup sûr. Il baissa la tête, un rictus amusé se plantant sur ses lèvres pincées. Et c’est sans doute grâce à ce mouvement qu’il la vit, Eurydice. Etrange petite poupée, complice depuis leur toute première année. Mais au final, il la connaissait si peu. Leur prénom mutuel, tiré de a mythologie, donnait à leur duo quelque chose de parfait. Deux serpentards aussi craint l’un que l’autre, et pourtant… Il s’arrêta à quelques pas d’elle, laissant ceux qui le suivaient le dépasser. La jeune fille se penchait sur un carnet, ouvert sur ses genoux. La musique de sa vie sans doute, ressemblait à la sienne, il en était persuadé. Un sourire en coin vint orner sa bouche : de celui qu’il arborait souvent, qui signifiait tout, et rien à la fois. De celui qui lui donnait tout ce charme et ce mystère qu’on lui attribuait. Adonis prit place près d’Eurydice, sans une parole, les yeux rivés sur le carnet, dont il ne lisait cependant pas les mots. Son regard se porta finalement sur le profil de la jeune fille qu’il détailla un instant.
« Je me demande bien quelle genre d’inspiration peut te donner un tel endroit… » |
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